Laurie Jelleret, une lectrice lumineuse convaincue des pouvoirs de la littérature

Laurie Jelleret © DR

Ode aux lecteurs (1/10)

Qu’ils soient illustres ou inconnus, on doit souvent aux lecteurs les plus beaux hommages à la littérature, cet art avec lequel beaucoup d’entre eux se construisent avec émotion et déférence. Animatrice en Bretagne, la lecture, notamment d’œuvres littéraires, est omniprésente dans le quotidien de Laurie Jelleret, qui nous dévoile avec attrait ses pratiques lectorielles. Entretien.

Pour débuter, je vous demande une biographie. Quel est votre parcours ?

Laurie Jelleret : Je m’appelle Laurie Jelleret, j’ai 25 ans. Passionnée depuis de nombreuses années par la culture et notamment par le cirque et la musique que j’ai pratiqués, j’ai choisi de m’orienter vers des études d’arts du spectacle après avoir validé mon baccalauréat littéraire. C’est dans ce cadre-ci que j’ai découvert le théâtre, domaine qui m’a également passionnée et vers lequel je me suis tournée pour la suite de mes études. Grâce à la licence d’arts du spectacle et au master d’assistanat à la mise en scène, j’ai pu entreprendre divers projets artistiques et faire deux stages enrichissants : un en technique et un en assistanat à la mise en scène et en animation culturelle au sein d’une association. Ce dernier a débouché sur un service civique d’aide au développement de projets culturels. Par ailleurs, j’ai joué et joue encore la comédie de façon amatrice. Étant animatrice en parallèle, j’aimerais davantage partager le monde artistique et culturel aux publics avec lesquels je travaille grâce à différents projets.

Pourquoi lisez-vous ?

Laurie Jelleret : Je lis souvent pour m’évader, mais aussi pour me documenter. La lecture est également présente dans mon travail d’animatrice et dans mes activités au niveau du théâtre, notamment quand je dois apprendre un texte à jouer.

Comment avez-vous découvert la lecture ?

Laurie Jelleret : J’ai découvert la lecture en deux temps. D’abord assez tôt, car mes parents me lisaient des histoires quand j’étais petite. Ma mère était et est encore une grande passionnée de livres, notamment de romans policiers. Ils m’ont également acheté beaucoup de livres donc j’avais de quoi faire. Cependant, je ne lisais pas beaucoup pour mon plaisir et préférais imaginer, inventer mes propres histoires en jouant. Ce n’est que plus tard que j’ai découvert la lecture au sens de plaisir, en grandissant et en prenant davantage de maturité.

Quels souvenirs conservez-vous de vos premières lectures ?

Laurie Jelleret : Mes premières lectures étaient des livres pour enfants. Il m’arrivait parfois de ne pas finir un livre parce que c’était long pour moi de lire. J’avais besoin de bouger, de me créer mes propres histoires de façon vivante. Cependant, je me rappelle de mon premier vrai plaisir littéraire. Je devais avoir entre 8 et 10 ans. Il s’agissait d’un livre intitulé Yoan et le petit tigre blanc écrit par Jean-François Radiguet. C’est un ouvrage qui m’a marquée, m’a fait ressentir de véritables émotions et que j’ai lu plusieurs fois. D’ailleurs, j’aimerais beaucoup le relire parce que je ne le traverserais pas de la même façon que lorsque j’étais enfant, j’aurais un regard différent dessus et peut-être que je comprendrais des choses que je n’aurais peut-être pas comprises avant.

Comment lisez-vous ?

Laurie Jelleret : En général, je lis plutôt en soirée ou en après-midi quand je le peux. Je préfère lire des livres manuscrits : j’aime la sensation de tourner les pages, de voir la progression visuelle dans le livre et il m’est plus facile d’entrer dans l’histoire de cette façon qu’à travers un format numérique, car il n’y a pas toutes les autres applications à côté qui peuvent perturber la lecture. En termes de rythme, je dirai que je lis par période : des fois, je peux faire de grosses sessions de lecture, enchaîner les livres en quelques jours ou quelques semaines et des fois, c’est plus calme, je préfère me consacrer à d’autres activités.

De quelles façons choisissez-vous les livres que vous lisez ?

Laurie Jelleret : J’ai plusieurs manières de choisir mes livres. Quand je recherche une nouvelle histoire, la chose que je regarde en premier, c’est la couverture et le titre. C’est le premier élément que je vois puisque je fonctionne beaucoup au visuel. Ensuite, je lis le résumé pour voir si l’histoire m’inspire. D’autre part, j’avoue avoir choisi plusieurs des livres que je lis actuellement par rapport aux films que j’ai vus avant. Ces derniers m’ont donné envie de lire les livres pour avoir plus de précisions et comparer les deux versions. Cela peut altérer l’imagination créée par les livres, mais personnellement, je ne le ressens pas comme un frein, car il y a toujours des différences, des éléments non-présents dans les films et qu’on peut donc imaginer. Parfois, les films me permettent de découvrir des livres dont je n’aurais peut-être pas connu l’existence autrement. Enfin, lorsque je lis plusieurs livres en même temps (ce qui m’arrive actuellement), je pense que ma façon de choisir une histoire plutôt qu’une autre est assez instinctive, en fonction de mon humeur.

La lecture a participé à mon développement rien que par le fait de me faire ressentir diverses émotions et de me faire évoluer.

Laurie Jelleret

Avez-vous un genre de prédilection ?

Laurie Jelleret : J’aime plusieurs genres, mais je dirais que j’accroche plus aux romans, notamment fantastiques pour leur côté mystérieux qui me donne envie de découvrir la suite. Parfois, je n’arrive pas à m’arrêter de lire tellement je veux résoudre les mystères. Dans un autre registre, j’apprécie également lire des pièces de théâtre, notamment des comédies.

La lecture a-t-elle eu un rôle majeur dans votre formation intime, intellectuelle et politique ?

Laurie Jelleret : La lecture a participé à mon développement rien que par le fait de me faire ressentir diverses émotions et de me faire évoluer. Elle m’a permis de développer mon identité, mes goûts. D’une manière intellectuelle, cela m’a permis d’améliorer mon langage écrit, mon orthographe, mais aussi de découvrir des auteurs et autrices, des œuvres qui m’ont servi dans mes études, notamment théâtrales. Aujourd’hui encore la lecture ne cesse de m’apprendre des choses même à travers les histoires.

Quelle est votre définition personnelle de la lecture ?

Laurie Jelleret : Selon moi, la lecture est un moyen d’expression et d’évasion qui permet en même temps d’apprendre des choses et de réfléchir.

Quels sont les textes, auteurs et autrices que vous aimez ? Et pourquoi ?

Laurie Jelleret : Il y a Wonder de R.J. Palacio. C’est un livre paru en 2012 que j’ai lu après avoir vu le film en 2017. Ce dernier m’avait beaucoup touché par son histoire, mais également par la façon dont elle est racontée. C’est après que j’ai appris qu’il existait un livre dont le film était inspiré et cela m’a donné envie de le lire. C’est l’histoire d’un garçon né avec des malformations qui fait sa première rentrée au collège. L’histoire est racontée avec différents points de vue, celui du personnage principal, mais aussi celui d’autres personnes de son entourage. Je l’ai particulièrement apprécié, car le livre avait un peu plus de points de vue et donc de détails que le film, qui reste néanmoins une très belle adaptation selon moi.
Il y a les romans de la série de livres Le Manoir de Evelyne Brisou-Pellen. C’est une histoire fantastique à laquelle j’ai particulièrement accroché et dont je ne me lasse pas. Ce que je trouve intéressant dans ces livres, c’est qu’ils renseignent des faits réels, de l’Histoire à travers un récit fictionnel. Nous partons de personnages fictifs et découvrons des faits, des lieux, et même des personnages qui ont existé dans la vraie vie. De plus, tout ce qui est repris de la réalité est bien détaillé, on voit qu’il y a un réel travail de recherche.

Ensuite Harry Potter de JK Rowling. Là encore, j’ai vu les films avant de lire les livres. Comme beaucoup de monde, j’aime bien cet univers de sorciers et je trouve incroyable la manière dont ont été construites les histoires ainsi que le travail effectué pour écrire cette histoire mondialement connue. C’est tout un monde qui a été créé et qui a marqué les générations. Ce qui est encore plus incroyable, c’est qu’on ne s’en lasse pas, comme si ça ne vieillissait pas.

Il y a aussi La petite maison dans la prairie, série de romans écrits par Laura Ingalls Wilder. Passionnée par la série télévisée depuis mon plus jeune âge, j’ai décidé récemment de lire les livres dont elle s’est inspirée. Ces derniers sont bien différents, mais je les apprécie également et j’ai l’impression de traverser une nouvelle aventure. Bien qu’elle ait inventé certains éléments dans ses livres (comme le personnage de Nellie Oleson, inspiré en réalité de plusieurs fillettes), ils restent tout de même des romans autobiographiques, qui retracent une partie de sa vie. Ce qui m’a particulièrement marqué, c’est la description des lieux et du matériel de l’époque. Cela me donne l’impression de faire un voyage dans le temps, de découvrir une autre époque.

Enfin, il y a McSkyz. D’habitude, je parle plus des textes que des auteurs, car ce sont eux que je découvre en premier et qui me font découvrir des auteurs. Je ne dirais d’ailleurs pas que j’ai des auteurs ou autrices préférées dont je lis tous les livres. Cependant, j’ai récemment découvert le youtubeur McSkyz et les HVF qu’il traite. J’ai particulièrement accroché à sa façon de raconter les événements. Aussi, lorsque j’ai appris qu’il avait écrit des livres traitant également des HVF et que j’ai réalisé que ma mère en avait un, je me suis empressée de lui emprunter afin de le lire en trois jours

Quels sont vos derniers plaisirs lectoriels ?

Laurie Jelleret : Mes derniers plaisirs : les romans de la série de livres Le Manoir de Evelyne Brisou-Pellen. Ce sont mes livres du moment. J’entre dans les différentes histoires facilement et je n’arrive pas à m’arrêter, car je mène mon enquête en même temps que les personnages. Pour faire le pitch, c’est l’histoire d’un adolescent appelé Liam qui arrive dans un manoir après avoir été malade, pour s’y reposer. Seulement, cet endroit est étrange tout comme certains de ses pensionnaires. Liam va vite découvrir qu’il n’est pas là juste pour se reposer et sera amené à aider les autres pensionnaires à résoudre des problèmes.

La littérature fait partie de la culture. Elle est faite pour être partagée…

Laurie Jelleret

Quelle place accordez-vous à la langue d’écriture d’un auteur ou d’une autrice ?

Laurie Jelleret : Au niveau de la langue d’écriture, pour ma part, je lis les livres majoritairement écrits en français même s’il m’est arrivé de lire des textes en anglais, en allemand ou en espagnol dans le cadre des études. Cependant, j’ai également lu des livres écrits en vieux français, notamment des pièces de théâtre et je trouve très intéressant de voir l’évolution de la langue et des expressions au fil des siècles. Avec une troupe de théâtre, nous avons joué des textes de Courteline et avons dû les lire et les apprendre. Pour certaines répliques, nous avons fait des recherches pour comprendre le sens et ensuite le jouer correctement. J’ai beaucoup aimé ce travail de langage, c’était enrichissant.

Avez-vous déjà envisagé d’écrire un livre ?

Laurie Jelleret : J’ai toujours beaucoup aimé l’écriture, je tiens un journal intime depuis l’âge de 13 ans. Dans le cadre d’un atelier d’écriture de mon master, un enseignant qui est aussi auteur nous a formés aux méthodes d’écriture, ce qui a abouti sur des saynètes ainsi que sur un biopic. Par la suite, j’ai écrit plusieurs saynètes dans le cadre d’ateliers menés avec le jeune public durant mon stage et mon service civique. Aujourd’hui, j’aimerais développer un projet d’écriture de pièce de théâtre comique qui aurait pour thème la conception d’un spectacle avec une troupe totalement déjantée.

Un dernier mot sur la lecture et la littérature ? Que peuvent-elles dans notre société ?

Laurie Jelleret : La littérature fait partie de la culture. Elle est faite pour être partagée. La lecture peut nous permettre de rêver, de nous évader, mais aussi de nous faire réfléchir, de nous inspirer. La littérature permet aussi de garder une trace du passé, c’est en partie grâce à elle que nous pouvons avoir connaissance de tout ce qui nous a précédés.