David Meulemans, éditeur : « Les effets de la littérature ne sont pas toujours intentionnels, ils peuvent être diffus, lents, difficiles à maîtriser »

David Meulemans © Patrick Cockpit

Depuis moult années, les Éditions Aux forges du vulcain permettent aux lectrices et lecteurs francophones d’agrandir leur imaginaire, leur intériorité à travers la découverte d’ouvrages adroitement choisis et édités par David Meulemans, qui a récemment dévoilé à Hans & Sándor les rouages de son métier d’éditeur indépendant de littératures. Entretien.

Pour débuter, je vous demande une biographie. Quel est votre parcours ?

David Meulemans : Je suis né à Paris où j’ai fait des études de philosophie et soutenu une thèse qui portait sur l’analyse des processus de création. J’ai enseigné une dizaine d’années, principalement à l’université à Aix, Rennes, Paris et Boston.

Qu’avez-vous appris sur les processus de création à l’issue de ce travail doctoral ?

David Meulemans : Je crois que la majeure partie des discours sur la création sont erronés et s’appuient sur une erreur logique : on part des qualités d’une œuvre, comme si elles étaient intentionnelles, on dit que « l’auteur veut » ou « l’auteur fait ceci ou cela ». C’est une illusion rétrospective. Pour penser la création, il faut raisonner en termes de moyens, de situations, et pas partir de l’œuvre achevée. A partir de là, on a comme un critère pour distinguer les conseils qui sont utilisables, et ceux qui ne sont pas utilisables, pour créer.

Comment accompagnez-vous les autrices et auteurs que vous éditez durant l’écriture de leurs livres ? Quels conseils les prodiguez-vous ?

David Meulemans : Je suis d’un naturel pragmatique et l’expérience m’a montré qu’il faut s’adapter à chaque auteur, chaque autrice. Certains apportent à leur éditeur des textes achevés, où peu de choses seront à corriger. D’autres me parlent de leurs projets, avant même d’avoir commencé à écrire. Je crois qu’une des choses qui m’a surpris dans ma thèse, c’est cette évidence invisible : nous croyons que l’écrivain doit être seul, alors que l’étude des biographies et journaux d’écrivains montre qu’ils étaient très rarement seuls. Et la comparaison avec les autres arts montre que, le plus souvent, les artistes parlent de leurs œuvres à un premier cercle. Ils ont des correspondants, des assistants. L’éditeur est parfois simplement ce regard extérieur. Le conseil que je donne souvent, cependant, c’est d’écrire sur ce que l’on a en propre. Il faut certes savoir s’adresser à autrui, mais partir de soi donne plus de profondeur, de justesse à un récit. Même si ce récit peut être complètement imaginaire !

Comment êtes-vous devenu éditeur indépendant de livres ?

David Meulemans : De l’âge de cinq à vingt-huit ans, j’ai fait du théâtre, en amateur. Je crois que, très souvent, nous sommes en décalage avec nous-même, nous ne coïncidons pas avec nous-même. La scène, comme le sport, est une des rares activités humaines où le corps, le cœur et l’esprit peuvent s’unir. Et il y a dans la scène quelque chose de ludique. Et ce que l’on fait sur scène a une réponse immédiate des spectateurs. La scène, c’est exaltant…
Un jour, j’ai compris que je n’avais ni le talent, ni la détermination, pour être comédien ou auteur, mais je m’étais rendu compte que j’aimais accompagner les autres dans leur propre travail et l’édition s’est comme imposée comme le moyen d’aider des autrices et auteurs à faire œuvre.

Comment se sont déroulés vos débuts dans le monde de l’édition en France ?

David Meulemans : Je n’avais pas envie de travailler dans une maison qui ne serait pas la mienne. Donc j’ai fondé ma propre maison, alors que j’avais des lacunes professionnelles importantes. Mon chemin fut donc long et difficile. Mais rétrospectivement, il m’a beaucoup appris, et notamment la persévérance. Et la tolérance à l’échec.

À quelles difficultés avez-vous été confronté ?

David Meulemans : Le métier d’éditeur repose sur beaucoup de règles, qu’on peut apprendre par l’expérience, mais cela nécessite du temps. Il me semble peu réaliste de s’attendre à vendre très vite beaucoup de livres et, ainsi, de se rémunérer. D’ailleurs, beaucoup de livres remarquables, importants, sont produits par de très petites maisons qui ne visent pas la rentabilité.

Avez-vous bénéficié de quelques soutiens ?

David Meulemans : Je n’ai eu aucun soutien dans l’édition. Mais cette absence de soutien fait sens : je n’étais pas issu de l’édition, ou formé à ce métier, si bien que je pouvais apparaître comme une perte de temps potentielle pour tout professionnel. La seule aide que j’ai eue, et à laquelle je pense très régulièrement, m’est venue de Henry Causse, le directeur commercial des éditions de Minuit, depuis décédé, qui m’avait pris un peu moins de deux heures au téléphone. Ses nombreux conseils, qui mêlaient bon sens, intelligence du métier, profondeur de vue et générosité, me reviennent souvent à l’esprit.

Ovide, Rabelais, Kafka, Calvino sont des auteurs d’imaginaire. L’imaginaire montre que le monde est plein de possibles, et qu’il ne tient qu’à nous de travailler à ces possibles, à ces mondes meilleurs.

David Meulemans

Au sein des Éditions Aux forges de Vulcain, vous publiez essentiellement des livres relevant entre autres de la science-fiction, de la fantasy et du réalisme magique. Quelle en est la raison ?

David Meulemans : En fait, nous publions autant de littérature générale que de littérature de l’imaginaire – catégorie qui regroupe la science-fiction, la fantasy et le fantastique. Et, d’un point de vue strictement commercial, les textes qui ont connu le plus grand succès sont ceux qui relèvent de la littérature générale, comme Le Soldat désaccordé de Gilles Marchand. Mais nous avons aussi publié de l’imaginaire, et notamment le cycle de La Tour de garde de Guillaume Chamanadjian et Claire Duvivier, qui est le cycle de référence en fantasy francophone. Je pense que nous sommes à une période charnière de l’histoire littéraire où l’imaginaire, qui a été le moteur de l’édition jusqu’à la moitié du dix-neuvième siècle, reprend ses droits. Ovide, Rabelais, Kafka, Calvino sont des auteurs d’imaginaire. L’imaginaire montre que le monde est plein de possibles, et qu’il ne tient qu’à nous de travailler à ces possibles, à ces mondes meilleurs.

L’imaginaire reste pourtant un genre mésestimé à la fois par certains critiques et institutions. De surcroît, cette mésestime reste circonscrite à la littérature et non à la peinture et au cinéma. Comment l’expliquez-vous ?

David Meulemans : Cette hiérarchie reste forte en France même si, peu à peu, elle est remise en cause. Elle est, je crois, l’effet de plusieurs facteurs, mais le plus important est une forme de snobisme qui manifeste la place particulière des lettres en France : la littérature est souvent un outil de distinction sociale, un moyen pour s’élever, au mauvais sens du terme – c’est-à-dire, humilier ceux qui ne posséderaient pas certains codes. La France reste une société qui a conservé beaucoup d’habitude de l’Ancien Régime : nous savons faire de la littérature pointue et de la littérature populaire, mais nous peinons à faire de la littérature démocratique, une littérature qui serait, à la fois, populaire et pointue. Et pourtant, c’est une forme d’idéal français, aussi. Et l’imaginaire, je crois, souffre de ces passions françaises, de cette passion pour la distinction.

Quelles sont vos préconisations pour remédier à cette hiérarchisation ?

David Meulemans : Je pense que chacun devrait, parfois, sortir de sa zone de confort, garder à l’esprit que l’art demande toujours un petit effort, mais que cet effort est mille fois récompensé. Et il faut affirmer son goût avec la plus grande liberté sociale : ne pas feindre d’aimer ou de détester quelque chose. Tous les goûts existent. Qu’une personne dise « l’imaginaire, ce n’est pas mon truc », c’est parfaitement légitime. Ce que je trouve plus dommage, c’est les lecteurs ou lectrices qui repoussent par principe des pans entiers de la culture.

Quelles sont les différentes tâches inhérentes à votre fonction d’éditeur ?

David Meulemans : En théorie, le travail d’édition consiste à choisir des textes, transformer ces textes en livres, puis trouver des lectrices et lecteurs pour ces livres. En pratique, cela impose un très grand nombre de tâches techniques, très variées. C’est un des plaisirs quotidiens de l’édition : chaque jour est une petite aventure, avec plein de rebondissements, qui permettent de rencontrer plein de passionnés : lectrices et lecteurs, libraires, bibliothécaires, autrices et auteurs – entre autres !

Quel est le circuit de diffusion de vos livres ?

David Meulemans : Même si nous sommes une maison indépendante, nous avons un partenariat avec un des quatre plus gros groupes d’édition, Média diffusion, une filiale du groupe Média Participations. Ce partenariat nous permet d’être présents dans tous les points de vente et, ainsi, de toucher le plus grand nombre de lectrices et lecteurs.

Comment ce partenariat a-t-il été mis en place ?

David Meulemans : C’est un accord classique de diffusion-distribution. L’éditeur confie à un « diffuseur-distributeur » la diffusion (c’est-à-dire le démarchage des libraires) et la distribution (acheminement des livres et facturation aux libraires) de ses livres. Je pense que les Françaises et Français ne mesurent pas que le caractère florissant de l’édition française est l’effet d’une lente construction, étalée sur deux cents ans, d’outils et de pratiques – dont la dernière pièce est le prix unique, qui assure qu’un livre a le même prix partout.

La rentrée littéraire est aussi un moment médiatique et, sur le front médiatique, l’édition indépendante est mal servie.

David Meulemans

En 2012, vous avez publié une tribune dans Le nouvel Obs dans lequel vous dénonciez la nocivité de la rentrée littéraire, notamment pour les auteurs, éditeurs et libraires. Avez-vous constaté des changements depuis cette époque ?

David Meulemans : Sur les dernières années, une deuxième rentrée s’est peu à peu imposée, en janvier. Mais, globalement, l’édition française est toujours en hyperproduction. Cela m’a très longtemps désolé puis je me suis consolé en me disant que cela ouvrait la possibilité, pour l’édition indépendante, de faire moins de titres, de mieux les accompagner, alors que nos consœurs et confrères qui travaillent dans des groupes seront contraints, souvent malgré eux, de toujours surproduire.

Quelles sont les conséquences de la rentrée littéraire pour les éditeurs indépendants de livres ?

David Meulemans : La rentrée littéraire reste un moment où beaucoup de libraires indépendants font l’effort de se pencher sur l’ensemble de la production littéraire. Donc, ce peut être un moment, pour l’édition indépendante, pour faire repérer des textes. Mais la rentrée littéraire est aussi un moment médiatique et, sur le front médiatique, l’édition indépendante est mal servie. Il y a une sorte de prime d’attention accordée aux titres publiés par des grandes maisons, indépendamment de leurs qualités réelles. Ce n’est pas nouveau, et personne n’a vraiment prise sur cela : c’est le reflet des rapports de forces dans l’ensemble de la société. Le capital achète de l’attention et de la notoriété. Cela étant, il y a toujours des journalistes pour résister à ces mécanismes, à estimer qu’ils ne doivent pas être de simples courroies de transmission du commerce des biens et des idées. La situation n’est donc pas si horrible que cela.

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Comment résister à ce phénomène qui participe à l’industrialisation de la littérature ?

David Meulemans : Du côté des éditeurs : faire moins de livres, mieux les accompagner. Du côté des libraires, journalistes, et même des lectrices et lecteurs : avoir confiance en leur goût propre et en leur capacité à faire connaître un livre, quand ils l’ont aimé, par la seule force de leur sincérité et de leur éloquence. Les industries sont souvent suivistes. Une industrie culturelle ne devrait pas l’être ; on devrait faire commerce d’exceptions.

Cette industrialisation de la littérature s’accompagne d’un phénomène : le recours conséquent des maisons d’édition aux influenceurs littéraires souvent rémunérés pour publier des critiques positives sur les livres…

David Meulemans : Du côté des forges, nous n’avons jamais rémunéré d’influenceurs. Je pense d’ailleurs qu’il faut raisonner avec des catégories anciennes, qui sont toujours parfaitement valables. Soit une personne est journaliste et elle exprime librement, sans rémunération, son avis. Soit une personne est publicitaire et elle est au service de la communication d’un produit. Et, en ce cas, l’éditeur peut exiger du talent, de l’imagination. D’ailleurs, la loi est claire : les influenceurs, s’ils sont rémunérés, doivent le dire. Certains sont parfaitement dans le cadre de la loi. D’autres non. Du côté des forges, nous n’avons pas, pour l’instant, recours aux influenceurs rémunérés. À vrai dire, je rêve parfois d’un retour de la publicité à l’ancienne, des beaux clips, qui empruntaient au cinéma ses ressources expressives. La publicité actuelle, celle des réseaux sociaux, est bête et moche. Je me dis que cette bêtise et cette laideur ouvrent peut-être la voie à un retour de choses belles. J’y pense beaucoup, car je lis un très bon livre sur ce sujet : Le Film publicitaire, chef d’œuvre de Luc Chomarat, aux éditions Playlist Society.

Quelle est votre définition personnelle de la littérature ?

David Meulemans : La littérature est ce qui nous sauvera. Parfois, la littérature nous apporte l’intelligence qui permet d’accepter le monde comme il est. Parfois, elle nous donne l’imagination et la volonté pour changer ce même monde.

La littérature peut-elle quelque chose dans notre société ?

David Meulemans : Je pense que je dois une grande partie de mes croyances morales, politiques, existentielles, à des romans comme Les Dépossédés d’Ursula K. Le Guin, Bilbo le Hobbit de Tolkien, Le Procès de Kafka, Jacques le fataliste de Diderot, Max et les maximonstres de Maurice Sendak. Donc, en ce sens, la littérature change bien les individus et le monde est façonné par ces mêmes individus. Mais les effets de la littérature ne sont pas toujours intentionnels, ils peuvent être diffus, lents, difficiles à maîtriser. La littérature change le monde, mais je pense que si on veut changer le monde, il faut plutôt s’engager directement.

Quelles sont les textes, auteurs et autrices que vous aimez ? Vous ont-ils permis de vous construire intellectuellement et humainement ?

David Meulemans : L’autrice qui m’a le plus marqué : Ursula K. Le Guin. L’auteur qui m’a le plus marqué : Franz Kafka. Ils ont mis des mots sur des choses que je ressentais, et m’ont montré que je n’étais pas seul. C’est le paradoxe de la littérature : on lit seul dans son coin, pour se rendre compte que, justement, nous ne sommes pas seuls.

Chez Dumas, il y a une voix merveilleuse, une croyance fantastique dans les pouvoirs de la fiction – on vous raconte une histoire et, pendant qu’on vous la raconte, il n’existe que cela.

David Meulemans

Quels sont vos derniers plaisirs lectoriels ?

David Meulemans : J’ai trouvé passionnant Auto-uchronia de Francis Bertholot. L’histoire d’un jeune homme qui grandit à Paris, dans les années 50 et 60. Il découvre qu’il est homosexuel, et abandonne la voie des honneurs pour devenir écrivain. Sauf que c’est une autobiographique uchronique : dans le monde réel, Francis Berthelot n’est devenu écrivain que bien plus tard et il a donc consenti beaucoup plus longtemps aux injonctions de la société. Cela donne un texte très simple, drôle, apaisé, émouvant – un fantastique document sur ce qu’est une vie vécue.

Quels textes conseillerez-vous à celles et ceux qui ont envie de découvrir la littérature ?

David Meulemans : Bilbo le Hobbit, La Métamorphose, Les Trois Mousquetaires. Le texte de Tolkien est l’un des plus beaux textes sur l’amitié et l’aventure. Kafka, de son côté, montre ce que c’est que de se sentir inadapté. Enfin, chez Dumas, il y a une voix merveilleuse, une croyance fantastique dans les pouvoirs de la fiction – on vous raconte une histoire et, pendant qu’on vous la raconte, il n’existe que cela.

Vous avez publié en 2021, Écrire son premier roman en dix minutes par jour, un opuscule dans lequel vous prodiguiez entre autres quelques conseils méthodologiques aux aspirants écrivains. Quelle est la genèse de ce livre ?

David Meulemans : C’est la synthèse de mon expérience d’éditeur et de ma thèse, consacrée à l’analyse des processus créatifs. J’étais entouré de gens qui désiraient écrire – j’ai donc essayé de rassembler ces textes que j’avais appris de ces deux aventures.

L’écriture s’apprend-elle réellement ?

David Meulemans : Oui, elle s’apprend toujours. Je ne suis pas certain qu’elle s’enseigne. Quand on lit, quand on parle, quand on écrit une lettre, on apprend, par l’exercice, par l’examen critique de ce que l’on a écrit, on apprend à écrire. Souvent, l’éducation à l’écriture est informelle, chaque écrivain la fait dans son coin, selon son histoire personnelle.

En tant qu’auteur et éditeur, quelle relation entretenez-vous avec les langues que vous parlez, notamment le français et l’anglais ?

David Meulemans : J’ai une pratique quotidienne de l’anglais et je regrette de ne pas avoir plus de temps pour faire de la traduction – c’est une très bonne manière d’apprendre à écrire, de se poser plein de questions non pas seulement sur la langue traduite, mais sur notre propre langue.

Depuis l’avènement des intelligences artificielles, une grande partie du monde de la culture s’inquiète de la disparition progressive de leurs métiers ou de l’amoindrissement des collaborations avec les éditeurs. Une réaction ?

David Meulemans : Je suis sceptique. Tous les cinq ans, il y a de forts emballements médiatiques autour d’innovations, mais il est assez rare qu’elles tiennent leurs promesses, ou mettent leurs menaces à exécution. Le monde change, mais jamais dans le sens anticipé. À mon échelle, je me dis que plus les gens utiliseront des intelligences artificielles, plus le travail humain, par contraste, sera valorisé. Donc, je ne suis pas trop soucieux.

Comment qualifierez-vous votre travail ?

David Meulemans : Artisanal.

Le métier d’éditeur est un métier double, où l’idéal est de faire les meilleurs textes possibles, et de leur trouver le plus grand nombre de lecteurs possible.

David Meulemans

Avez-vous d’autres projets en perspective pour les Éditions Aux forges de Vulcain ?

David Meulemans : Oui ! Je songe à relancer notre collection d’essais ! Avant de relancer la collection essais, nous allons publier une dizaine de romans. Il y a la suite de L’Homme-dé, le chef d’œuvre de Luke Rhinehart. Mais je suis très impatient que les lecteurs et lectrices aient dans leurs mains le nouveau roman de Rodolphe Casso, Sortir du rang, qui paraîtra en mars 2025. C’est une sorte de western dans les Pyrénées, où une jeune femme, lanceuse d’alerte, fuit les sbires d’une multinationale et cherche à passer en Espagne. Cela parle résistance, oppression, écologie. C’est très réussi. Cela peut être lu comme un film, et regardé comme une réécriture du mythe de Prométhée.

Quels conseils donneriez-vous à celles et ceux qui ont envie de se lancer dans l’édition indépendante de livres ?

David Meulemans : De ne pas oublier que le métier d’éditeur est un métier double, où l’idéal est de faire les meilleurs textes possibles, et de leur trouver le plus grand nombre de lecteurs possible. Et de garder à l’esprit que c’est un métier difficile, dont les joies sont nombreuses, mais pas toujours immédiates. Il faut aimer lire et aimer la patience.