« Thomas Sankara, rebelle visionnaire », portrait sans concessions d’un panafricaniste

Depuis plusieurs années, les ouvrages consacrés à l’ancien chef d’État burkinabé Thomas Sankara se multiplient en France. Pourtant rares sont celles et ceux qui ont eu l’ingéniosité de lui consacrer une bande dessinée pour le faire découvrir à un surcroît de monde. C’est désormais chose faite avec « Thomas Sankara, rebelle visionnaire ».

Il n’est guère aisé d’écrire un ouvrage sur des personnalités aussi notoires que Thomas Sankara, ancien chef d’État burkinabé, arbitrairement assassiné le 15 octobre 1987 à Ouagadougou. C’est pourtant à cette tâche difficile que s’est excellemment attelé le trio d’auteurs composé du dessinateur Pat Masioni et des scénaristes Françoise-Marie Santucci et Pierre Lepidi dans Thomas Sankara, rebelle visionnaire, un ouvrage au titre probant récemment publié aux éditions Marabout.

Dans ledit ouvrage, les trois auteurs susnommés donnent effectivement à voir, sans emphase, le parcours d’un homme soucieux de rompre avec les meurtrissures du passé pour construire une Afrique nouvelle sous le signe de l’égalité, notamment pour les femmes dont l’identité est régulièrement bafouée à travers des pratiques archaïques comme l’excision et la polygamie.

Ces combats respectifs, menés souvent avec excès, par Thomas Sankara sont relatés dans le livre par ceux qui l’ont connu et ceux qui se sont épris de sa personnalité et de ses idéaux. Ainsi, nous apprenons sa probité, son dévouement, son engagement pour les plus faibles et sa lutte contre la corruption afin de faire du Burkina Faso une société égalitaire.

En optant pour la polyphonie narrative (récit à plusieurs narrateurs), les auteurs font monstration d’une belle connaissance des sociétés africaines où les récits sont souvent transmis, oralement, par plusieurs voix.

La réussite de cette biographie dessinée est aussi corrélée au trait du dessinateur Pat Masioni, dont certains choix graphiques rappellent les tissus de bogolan et autres étoffes si populaires en Afrique sur lesquelles sont, souvent, apposés des historiettes qui contentent les férus d’histoires.

Assurément, ce portrait sans concessions de Thomas Sankara contentera toutes celles et tous ceux qui s’intéressent, de près ou de loin, à son histoire et aux combats qu’il a menés, souvent avec excès, en faveur du panafricanisme…